Aux Veilleurs de Tréguier

Aux Veilleurs de Tréguier:

En veilleur parmi tant d'autres, je serai avec vous par la pensée! Je voudrais simplement que ces quelques mots vous disent combien votre fidélité est précieuse. Dans notre univers où tout passe, où tout change, où rien ne semble fait pour durer, votre présence suffit à prouver qu'il reste un lieu sur lequel puisse se fonder une espérance; et ce lieu, c'est votre fidélité, c'est la fidélité qui nous unit. Le témoignage qui nous anime n'était pas passager, et notre engagement n'était pas l'affaire d'un moment... Nous ne sommes pas accrochés au passé, au contraire: nous sommes tout entiers présents à l'actualité de ce message. Le sens de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant; le refus de toute commercialisation du corps; le refus de tout asservissement des esprits; le désir de rappeler la beauté et la fécondité de la famille: voilà ce qui nous réunit, et qui est plus actuel, plus profondément actuel que les opinions de circonstances successivement adoptées par l'univers médiatique et politique d'un pays qui semble avoir perdu tout cap.

C'est à cette actualité de toujours que nous voulons rester toujours fidèle.

Nous le savons bien - et ici, en Bretagne, vous le savez mieux que quiconque: le flux et le reflux, les marées, les variations du ciel, des vents et des saisons, le froid et le chaud, la pluie, la bruine et la brume, le calme plat qui fige tout comme la tempête qui agite l'océan, rien de tout cela ne parvient à ébranler le phare, s'il est bien ancré sur le rocher. Rien ne le détourne de sa mission. Quand la nuit semble tomber sur une société tout entière, il faut la fidélité silencieuse des gardiens de phares pour allumer dans l'obscurité une toute petite flamme dont la signification mystérieuse suffit à éviter bien des naufrages. Il faut la présence fidèle des hommes qui, dans la nuit, gardent la lumière allumée, pour veiller sur les autres hommes qui tentent de trouver un chemin dans la pénombre... Merci d'être ces veilleurs; merci pour votre fidélité! (François-Xavier Bellamy, 22 novembre 2014).

lundi 15 juillet 2013

Manif pour tous et maintien de l'ordre: lettre d'un commissaire de police

Les commissaires de police ne veulent plus du rôle que l'on veut leur faire jouer. L'un d'entre eux a écrit au Salon Beige et appelle à la diffusion de sa lettre:


Mais que sont les commissaires de police devenus ?
La gestion des mouvements d'opposition au mariage homosexuel a fait voler en éclat le cadre habituel du maintien de l'ordre.
 Il fut un temps où l'on enseignait à l'école des commissaires de police le rôle particulier du commissaire lors des opérations de maintien de l'ordre. Nos professeurs insistaient sur la particularité de notre statut, autorité civile présente sur les lieux des manifestations à qui revenait à ce titre la décision d'employer la force ou les armes. Un maintien de l'ordre était réussi lorsque l'équilibre était trouvé entre la manifestation des opinions et le trouble à l'ordre public supportable. Et le commissaire tenait là une place éminente.
Mais aujourd'hui il y a substitution d'un maintien de l'ordre visant à l'équilibre par un maintien de l'ordre absolu et judiciaire avec contrôles d'identité massifs, interpellations, gardes à vue, poursuites...en employant des dispositions pénales quasi tombées en désuétude. Combien de manifestations étaient encore déclarées par les organisateurs hormis à Paris ? Combien de gardes à vue pour absence de déclaration de manifestation ou pour participation à un attroupement en dehors des violences urbaines ?
Il est évident alors que le commissaire de police dans une telle conception n'est plus une autorité civile veillant tout à la fois à préserver l'ordre public et les libertés individuelles. Il demeure dans cette nouvelle doctrine tout juste un commandant de la force publique chargé de mettre en œuvre une répressionCe renversement ne peut s'expliquer que par l'existence de consignes ministérielles sauf à supposer que les commissaires de police, d'un même cœur et d'un même pas aient choisi de réprimer les opposants au mariage homosexuel en utilisant de surcroît les mêmes armes judiciaires.
Et c'est ainsi que le commissaire de police, autorité civile, a disparu. La répression idéologique de la manif pour tous est donc parvenue à accomplir ce que les préfets, les sous préfets, les commandants d'unités mobiles, les magistrats n'avaient pas obtenu : faire des commissaires de police de simples maillons d'une chaîne hiérarchique dépourvus de leur pouvoir d'appréciation. Cela au mépris de notre histoire, du code pénal et sans doute aussi de la démocratie.
Et si l'anecdote est vraie, alors le baiser de la mort nous aura été donné par le préfet Carenco qui au sein même de l'école de commissaire de police à Saint Cyr au Mont d'Or se permit de menacer un prêtre, notre invité, tout cela pour délit d'opinion avec jugement d'expulsion immédiat.
Le symbole est fort et il exprime bien ce que nous sommes devenus : des pions !
La suite de l'histoire est écrite puisque l'on ne veut plus de commissaire de police, rien ne s'oppose à ce qu'il rejoigne le corps des officiers de police, avant que d'envisager de tout mélanger dans un brouet nouveau mêlant policier et gendarmes.
Nous pourrons alors demander au curé de Saint Cyr au Mont d'Or, une messe de requiem pour feu le commissaire de police. Messieurs Valls et Carenco pourront sonner le glas.
 Philippe Pommier
commissaire divisionnaire (en disponibilité pour convenances personnelles)

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