Aux Veilleurs de Tréguier

Aux Veilleurs de Tréguier:

En veilleur parmi tant d'autres, je serai avec vous par la pensée! Je voudrais simplement que ces quelques mots vous disent combien votre fidélité est précieuse. Dans notre univers où tout passe, où tout change, où rien ne semble fait pour durer, votre présence suffit à prouver qu'il reste un lieu sur lequel puisse se fonder une espérance; et ce lieu, c'est votre fidélité, c'est la fidélité qui nous unit. Le témoignage qui nous anime n'était pas passager, et notre engagement n'était pas l'affaire d'un moment... Nous ne sommes pas accrochés au passé, au contraire: nous sommes tout entiers présents à l'actualité de ce message. Le sens de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant; le refus de toute commercialisation du corps; le refus de tout asservissement des esprits; le désir de rappeler la beauté et la fécondité de la famille: voilà ce qui nous réunit, et qui est plus actuel, plus profondément actuel que les opinions de circonstances successivement adoptées par l'univers médiatique et politique d'un pays qui semble avoir perdu tout cap.

C'est à cette actualité de toujours que nous voulons rester toujours fidèle.

Nous le savons bien - et ici, en Bretagne, vous le savez mieux que quiconque: le flux et le reflux, les marées, les variations du ciel, des vents et des saisons, le froid et le chaud, la pluie, la bruine et la brume, le calme plat qui fige tout comme la tempête qui agite l'océan, rien de tout cela ne parvient à ébranler le phare, s'il est bien ancré sur le rocher. Rien ne le détourne de sa mission. Quand la nuit semble tomber sur une société tout entière, il faut la fidélité silencieuse des gardiens de phares pour allumer dans l'obscurité une toute petite flamme dont la signification mystérieuse suffit à éviter bien des naufrages. Il faut la présence fidèle des hommes qui, dans la nuit, gardent la lumière allumée, pour veiller sur les autres hommes qui tentent de trouver un chemin dans la pénombre... Merci d'être ces veilleurs; merci pour votre fidélité! (François-Xavier Bellamy, 22 novembre 2014).

samedi 9 août 2014

Conférence d'Alain Finkielkraut à Huelgoat le 24 août

Pour expliquer ce que vous appelez mon manque de confiance, je crois que le problème de l’intégration doit être envisagé de manière globale ; et pas seulement en traitant de l’immigration.
Et je vais citer un auteur qui me paraît capital sur toutes ces questions, qui est Hannah Arendt : La crise de l’éducation, un texte de 1960 qui n’a pas pris une ride, et elle dit ceci : « Un enfant n’est pas simplement, comme toute autre créature vivante, un être en devenir, c’est aussi un nouveau venu dans le monde. L’éducation doit intégrer ce nouveau venu dans un monde qui est plus vieux que lui, donc l’éducation est tournée vers le passé. » Or il me semble que cette idée générale de l’éducation qui doit intégrer tout le monde, justement dans ce vieux monde, est en train de disparaître parce qu’on nous explique que ce vieux monde n’est finalement qu’un réservoir de stéréotypes, et qu’il faut inculquer l’art de vivre et non pas apprendre aux enfants le monde. Alors, moi je n’entre pas dans les querelles du « genre », ce que je dis simplement c’est qu’on nous explique que le masculin et le féminin ce sont des stéréotypes, donc on réécrit les contes, mais c’est toute la littérature et la poésie, notamment qui est inspirée par la différence du masculin et du féminin. Or l’un des phénomènes les plus étranges de notre temps – chaque époque crée son type humain – est que nous avons affaire, nous, à un type humain particulier qui est l’enfant ou « l’adolescent goguenard » ; qui a biberonné à la dérision grâce à l’industrie du divertissement, qui pense avec Internet, qu’il n’a besoin de personne pour accéder au monde, et qui pense que la démocratie c’est l’égalité de tous les goûts, de toutes les pratiques. Donc on ne la lui fait pas et cet « adolescent goguenard», l’éducation devrait le convertir à l’humilité pour lui apprendre quelque chose, elle ne le fait pas ; elle renforce sa suffisance puisqu’elle lui dit : « de toute façon ce vieux monde c’est une nuit préhistorique où les hommes n’étaient pas vêtus de peaux de bêtes, mais où ils étaient bêtes ! Ils étaient farcis de stéréotypes, imbus de préjugés et nous allons changer les mentalités. »
Et moi je me demande, effectivement, si, à l’allure où nous allons, bientôt on intégrera qui que ce soit dans le monde, puisque de ce monde nous sommes invités à nous détourner, pour une civilisation libérée de tous les stéréotypes.
(Alain Finkielkraut)





  Alain FINKIELKRAUT
  donnera une conférence sur le thème de « L’identité malheureuse »
  à l’École des filles (ESPACE D’ART Françoise Livinec) à Huelgoat
  le dimanche 24 août 2014 à 15h00.
               -  Entrée 5 €
               -  Réservations au 02 98 99 75 41
                  ou par mail à contact@ecoledesfilles.org



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