Aux Veilleurs de Tréguier

Aux Veilleurs de Tréguier:

En veilleur parmi tant d'autres, je serai avec vous par la pensée! Je voudrais simplement que ces quelques mots vous disent combien votre fidélité est précieuse. Dans notre univers où tout passe, où tout change, où rien ne semble fait pour durer, votre présence suffit à prouver qu'il reste un lieu sur lequel puisse se fonder une espérance; et ce lieu, c'est votre fidélité, c'est la fidélité qui nous unit. Le témoignage qui nous anime n'était pas passager, et notre engagement n'était pas l'affaire d'un moment... Nous ne sommes pas accrochés au passé, au contraire: nous sommes tout entiers présents à l'actualité de ce message. Le sens de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant; le refus de toute commercialisation du corps; le refus de tout asservissement des esprits; le désir de rappeler la beauté et la fécondité de la famille: voilà ce qui nous réunit, et qui est plus actuel, plus profondément actuel que les opinions de circonstances successivement adoptées par l'univers médiatique et politique d'un pays qui semble avoir perdu tout cap.

C'est à cette actualité de toujours que nous voulons rester toujours fidèle.

Nous le savons bien - et ici, en Bretagne, vous le savez mieux que quiconque: le flux et le reflux, les marées, les variations du ciel, des vents et des saisons, le froid et le chaud, la pluie, la bruine et la brume, le calme plat qui fige tout comme la tempête qui agite l'océan, rien de tout cela ne parvient à ébranler le phare, s'il est bien ancré sur le rocher. Rien ne le détourne de sa mission. Quand la nuit semble tomber sur une société tout entière, il faut la fidélité silencieuse des gardiens de phares pour allumer dans l'obscurité une toute petite flamme dont la signification mystérieuse suffit à éviter bien des naufrages. Il faut la présence fidèle des hommes qui, dans la nuit, gardent la lumière allumée, pour veiller sur les autres hommes qui tentent de trouver un chemin dans la pénombre... Merci d'être ces veilleurs; merci pour votre fidélité! (François-Xavier Bellamy, 22 novembre 2014).

dimanche 8 septembre 2013

Le Gender, une norme mondiale?

Le gender, une norme mondiale ? Outil de discernement »
Nouveau livre de Marguerite Peeters (Ce livre peut être emprunté, voir rubrique "Bibliothèque")
BRUXELLES, 6 avril 2013 (Zenit.org) - Marguerite Peeters, directrice de « Dialogue Dynamics », publie un nouveau livre intitulé « Le gender, une norme mondiale ? Outil de discernement » (Mame, 2013) : elle en donne la primeur aux lecteurs de Zenit.
Zenit – Votre livre « Le gender, une norme mondiale ? Outil de discernement », préfacé par le cardinal Robert Sarah, vient de paraître. Quel est votre objectif?
Marguerite Peeters – Bien que beaucoup de discours se soient faits sur le gender depuis que le phénomène frappe visiblement la France, d’abord en s’intégrant dans les manuels scolaires puis en devenant projet de loi, ils semblent jusqu’à maintenant s’être montrés impuissants à dégager une perspective d’espérance. Beaucoup se sentent dans l’impasse : où aller, maintenant que nous avons intellectuellement « démasqué » et dénoncé le gender, qu’un grand mouvement de mobilisation contre le projet de loi s’est organisé ? Le blocage n’est pas uniquement provoqué de l’extérieur, par la surdité et le durcissement du gouvernement. Il provient aussi de l’intérieur de la communauté chrétienne lorsqu’elle ne discerne pas les signes des temps selon la perspective d’espérance qui est la sienne. Le combat dans lequel nous sommes (non seulement, du reste, au niveau français, mais au niveau mondial) est surtout une heure de grâce : nous sommes appelés à tirer profit de la conscience croissante d’une crise de civilisation, dont le gender est un signe éloquent, pour nous engager dans un renouvellement personnel et culturel et nous dégager des compromissions du passé, que le gender met paradoxalement en lumière. Nos compromis ont en effet contribué à son émergence. Modeste fruit d’un long travail de suivi des politiques de la gouvernance mondiale depuis la conférence de Pékin, mon livre a été conçu comme un outil de formation et de discernement à destination des éducateurs, cadres, responsables politiques et religieux pour appréhender cette problématique de manière pédagogique, favorable au discernement.
De quel « discernement » s’agit-il ?
L’objectif du discernement n’est pas de fournir des « arguments » à des débats intellectuels voués à s’embourber dans les marécages d’une « théorie » « liquide », rationnellement insaisissable. Le vrai discernement est pratique. Il conduit à l’engagement de la personne et des communautés dans l’espérance, à une prise de décision courageuse : celle de revenir à la personne humaine concrète, telle qu’elle est dans son mystère transcendant, faite par amour et pour l’amour. Dieu nous donne un pape qui a appris de Saint Ignace les règles du discernement des esprits et qui réintroduit cette notion pratique dans l’enseignement de l’Eglise. Dans le cas de la problématique du gender, il s’agit de discerner les fautes que nous-mêmes comme peuple avons faites depuis le 18ème siècle dans la manière dont nous avons interprété des notions telles que laïcité, citoyenneté, égalité, liberté, fraternité, individu, droits de l’homme et du citoyen, influençant massivement le cours du développement de la civilisation occidentale. Et ne sommes-nous pas nous aussi, chrétiens, tombé dans le travers d’une mentalité contractuelle, individualiste, rationaliste, laïciste ? N’avons-nous pas trop souvent renoncé à être nous-mêmes ? Discernons les mauvaises habitudes culturelles qui de fil en aiguille à travers les siècles nous ont conduits à aujourd’hui considérer le « mariage pour tous » et l’adoption par les couples homosexuels comme une affaire de liberté, d’égalité, de droits, de citoyenneté. En un sens, l’apparition du gender et son imposition sont un développement tout à fait logique, c’est-à-dire obéissant à la logique d’un mal remontant à plusieurs siècles.
Qu’entendez-vous par : « logique d’un mal remontant à plusieurs siècles » ?
Le mal fondamental de la civilisation occidentale depuis des siècles est son rejet du Père : rejet d’abord de Dieu comme Père (déisme), puis de la paternité humaine (freudisme, « mort du père » proclamée dans les années 60), le premier ayant mené au second. Jean-Jacques Rousseau qui a influencé la rédaction de la Déclaration des Droits de 1789 a déclaré que la paternité était un privilège social contraire à l’égalité : d’où un antagonisme remontant au 18èmesiècle entre paternité (ordre et amour paternels) et droits, égalité, citoyenneté, liberté, fraternité. Depuis le 18èmesiècle une conception subversive de l’égalité citoyenne aliène la France et l’Occident. La fraternité, ayant cessé d’être filiale à partir du moment où l’on a rejeté le père, est devenue purement « citoyenne » ; il ne faut pas s’étonner que le marxisme ait surgi peu après. Or une fraternité exclusivement « laïque » n’a pas de sens : tout le monde sait que l’Etat n’est pas un père aimant. La liberté s’est repliée sur elle-même et sur l’arbitraire de choix individuels effectués en dehors du dessein de Dieu. La personne a été réduite à un individu, le citoyen-personne à un citoyen-individu. Pendant deux siècles la civilisation occidentale s’est accrochée à la « nature » dont elle a cherché à découvrir les lois dans le but d’accroître, par orgueil, ses connaissances et son pouvoir. Maintenant qu’elle ne croit plus à la « loi naturelle » à force de s’appuyer sur la seule raison humaine, il ne reste plus rien. Le défi de notre temps est de revenir au Père, non seulement à son ordre mais d’abord à son amour, source de tout ce qui existe et qui est bon, et à sa miséricorde. Le Père est la source de tout ce qui peut être déclaré universel. Quoi de plus humainement universel que la paternité ? Il est significatif qu’aucun traité ou instrument de droits de l’homme ne mentionne le père. Or les droits universels perdent leur sens dès lors qu’ils se coupent de leur source. Ils s’auto-génèrent et produisent ainsi aujourd’hui le droit au « mariage pour tous », dernier né d’une série de « nouveaux » droits subversifs, nés d’une laïcité repliée sur elle-même au point de vouloir désormais imposer à tous son laïcisme.
Pourquoi le gender est-il un « signe des temps » dont il est possible de tirer profit ?
Voilà remise sur le tapis la question de la filiation (« tous nés d’un père et d’une mère ») : appel à redécouvrir l’universalité de notre statut filial, notre fraternité filiale universelle et notre filiation divine universelle. Qui dit fils, fille, père, mère, dit « personne » et non « individu ». Et qui dit « personne », dit « amour ». C’est le père, source de la vie, qui aime le premier. C’est à l’amour que le gender s’attaque avant tout, mais c’est de lui que ses promoteurs, sans le savoir, ont le plus soif. Toute personne fait dans sa vie l’expérience existentielle de l’amour et en découvre, consciemment ou non, la structure trine : l’amour donné par celui qui aime à la personne aimée; l’amour reçu par la personne aimé ; et l’amour communion entre ceux qui s’aiment. Le retour culturel à l’amour et à son expérience humaine universelle devrait être l’objet de notre discours. Nous sommes tous faits à l’image de Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, que les croyants ont la grâce d’avoir rencontré. La personne est un mystère, un mystère révélé. Si notre discours en reste au niveau de la nature, il ne répondra pas à l’attente de nos contemporains, rassasiés de théories abstraites se passant de notre engagement personnel, permettant d’y échapper, et prolongeant les erreurs du passé.
Zenit – Comment est structuré votre livre ?
Marguerite Peeters - Le discernement passe par la formation. Après une brève exposition des facteurs rendant le phénomène du gender particulièrement complexe, le livre évoque le processus idéologique occidental qui a préparé son émergence depuis plusieurs siècles et parcourt l’histoire du développement du concept depuis les années 1950. Rappelons qu’en 1955 le psychologue et sexologue américain John Money établit pour la première fois une distinction entre « sexe » (identité sexuelle biologique) et « genre » (identité sexuelle sociale qu’un individu s’attribue à lui-même par le « dire » et le « faire »). Parmi les intellectuels, sociologues et universitaires occidentaux, l’idée fait dès lors son chemin que ces deux identités sont distinctes et peuvent s’opposer, l’identité sexuelle sociale étant l’objet d’un choix arbitraire de l’individu, une « identité sans essence » selon l’expression de David Halperin. Le livre montre aussi que le gender fait partie d’un nouveau système éthique intégré, résultat de la sécularisation et d’une série de révolutions interdépendantes dans les domaines politique, anthropologique et culturel. Il en manifeste le caractère mondialement normatif : depuis la conférence de Pékin de 1995, la perspective du genre est une norme politique et culturelle mondiale effective. L’égalité des sexes (gender equality) est même une priorité transversale de la coopération internationale. Après une analyse critique du gender en tant que processus de négation, le livre offre quelques considérations pratiques et ouvre une perspective d’espérance : celle d’un retour personnel et culturel à la structure trine de l’amour - donné, reçu et partagé - et à l’ordre du Père.
Le titre de votre livre pose la question : « Le gender, une norme mondiale ? ». L’homosexualité serait-elle mondialement normative ?
Le gender a une double origine, féministe et homosexuelle. L’on voit ces deux interprétations se développer côte à côte dès les premières émergences du concept. Les deux interprétations ont en commun une conception des données anthropologiques fondamentales (complémentarité, féminité, masculinité, maternité, paternité, sponsalité, « hétérosexualité »…) comme autant de stéréotypes discriminatoires à déconstruire par l’éducation, la culture et les lois. L’interprétation féministe, qui a percé la première en Occident et y a gain de cause depuis plusieurs décennies, progresse à une vitesse foudroyante dans les pays en voie de développement auxquels est imposée une conception laïciste de la femme comme pure « citoyenne-individu » détentrice de « droits » (contraception, avortement, éducation sexuelle laïque, « choix informé », fécondation in vitro, stérilisation volontaire…). De la déconstruction de la femme, on passe naturellement à la déconstruction de l’identité sexuelle. Il faut être myope pour ne pas voir ce processus. Il est particulièrement important pour certains pays en voie de développement de réaliser que, s’ils sont encore scandalisés par les projets occidentaux de lois favorables au mariage gay, ils sont déjà engagés dans un continuum de mort pour autant qu’ils appliquent des politiques favorables à la déconstruction de la maternité. Le gender, devenu condition de l’aide au développement, s’est déjà répandu à tous les niveaux des sociétés des pays non-occidentaux qu’il va entraîner dans le même processus révolutionnaire que l’Occident, allant d’une interprétation à l’autre. Ainsi, sans faire de bruit, des cultures traditionnellement ouvertes à la personne, à l’amour, à Dieu risquent de se laïciser rapidement. « Sortons », comme nous y invite le pape, de nos préoccupations nationales et ouvrons-nous aux souffrances que nos dérives occidentales provoquent ailleurs.
Pensez-vous que cette interprétation homosexuelle de la norme mondiale du gender puisse se renforcer dans les années à venir?
Il est difficile de le dire, mais nous observons que depuis le début des années 2000, la reconnaissance légale du « mariage » entre personnes de même sexe gagne rapidement du terrain : déjà effective dans 11 pays (Pays-Bas 2001, Belgique 2003, Espagne 2005, Canada 2005,  Afrique du Sud 2006, Norvège 2009, Suède 2009, Portugal 2010, Islande 2010, Argentine 2010 et Danemark 2012) et dans plusieurs juridictions sous-nationales, elle est actuellement, dans 11 pays supplémentaires (Andorre, Colombie, Finlande, France, Allemagne, Luxembourg, Népal, Nouvelle Zélande, Taiwan, Royaume-Uni et Uruguay) ainsi que dans les législatures de juridictions sous-nationales de 4 pays, l’objet de proposition de loi, d’un débat parlementaire ou déjà d’une adoption par l’une des deux chambres législatives. La tendance totalitaire ou dictatoriale « douce » qui se manifeste dans l’imposition de politiques et de lois fabriquées par des lobbys doctrinaires à travers l’exécutif et/ou le judiciaire est à surveiller : elle semble bien en voie de se renforcer. Le gender n’est pas une mince affaire. La génération des moins de 25 ans (soit 43% de l’humanité aujourd’hui, vivant majoritairement dans les pays pauvres) est tout particulièrement soumise aux Diktats de la nouvelle culture mondiale « d’égalité des sexes » - un processus de laïcisation qui conduit inexorablement à la perte de la foi. Déjà depuis la conférence du Caire de 1994, l’ONU parle de « la famille sous toutes ses formes ». L’identité de genre et l’orientation sexuelle ont été débattues au Conseil des Droits de l’Homme en 2012. Au niveau des instances de la coopération internationale, la définition du mariage et de la famille est déjà déstabilisée dans ses fondements. Nous sommes dans un combat de nature spirituelle et devons décider sous quel étendard nous voulons combattre. Si la complexité et la technicité du phénomène du gender sont rébarbatives et pourraient nous décourager, la réponse à donner est surprenante de simplicité et lumineuse. Mais elle est aussi difficile et exigeante, en ce sens qu’elle requiert une décision de nous engager comme personnes.


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