Aux Veilleurs de Tréguier

Aux Veilleurs de Tréguier:

En veilleur parmi tant d'autres, je serai avec vous par la pensée! Je voudrais simplement que ces quelques mots vous disent combien votre fidélité est précieuse. Dans notre univers où tout passe, où tout change, où rien ne semble fait pour durer, votre présence suffit à prouver qu'il reste un lieu sur lequel puisse se fonder une espérance; et ce lieu, c'est votre fidélité, c'est la fidélité qui nous unit. Le témoignage qui nous anime n'était pas passager, et notre engagement n'était pas l'affaire d'un moment... Nous ne sommes pas accrochés au passé, au contraire: nous sommes tout entiers présents à l'actualité de ce message. Le sens de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant; le refus de toute commercialisation du corps; le refus de tout asservissement des esprits; le désir de rappeler la beauté et la fécondité de la famille: voilà ce qui nous réunit, et qui est plus actuel, plus profondément actuel que les opinions de circonstances successivement adoptées par l'univers médiatique et politique d'un pays qui semble avoir perdu tout cap.

C'est à cette actualité de toujours que nous voulons rester toujours fidèle.

Nous le savons bien - et ici, en Bretagne, vous le savez mieux que quiconque: le flux et le reflux, les marées, les variations du ciel, des vents et des saisons, le froid et le chaud, la pluie, la bruine et la brume, le calme plat qui fige tout comme la tempête qui agite l'océan, rien de tout cela ne parvient à ébranler le phare, s'il est bien ancré sur le rocher. Rien ne le détourne de sa mission. Quand la nuit semble tomber sur une société tout entière, il faut la fidélité silencieuse des gardiens de phares pour allumer dans l'obscurité une toute petite flamme dont la signification mystérieuse suffit à éviter bien des naufrages. Il faut la présence fidèle des hommes qui, dans la nuit, gardent la lumière allumée, pour veiller sur les autres hommes qui tentent de trouver un chemin dans la pénombre... Merci d'être ces veilleurs; merci pour votre fidélité! (François-Xavier Bellamy, 22 novembre 2014).

mercredi 5 février 2014

Une bonne analyse de l'impact des Manifs Pour Tous

Les Manifs pour tous : brèves réponses à quelques questions récurrentes

Par le Père Daniel-Ange :
"Comment ne pas exulter en voyant le succès des Manifs pour tous ce 2 février. Mobilisation (bien sûr insuffisante) mais inespérée après tant de polémique et de dissensions, endeuillant ces derniers mois. J’aimerais ici répondre brièvement à ceux qui hésitaient fortement à y participer ou qui - encore nombreux -se posent encore la question pour les suivantes.
1.Les Manifs pour tous : ça sert à quoi ?
On entend des réflexions désabusées, des gens découragés : les méga-manifs de 2013 n’ont servi à rien ! Il est vrai que le gouvernement, non seulement n’en n’a tenu aucun compte, comme pour les 700 000 signatures au CESE, capsulé qu’il est dans son obstination idéologique, mais ont tout fait pour les relativiser (chiffres, photos scandaleusement faussées, etc..)
Mais par ailleurs, ces manifs ont d’ores et déjà eu un impact indéniable et une utilité stratégique en plusieurs domaines. J’y constate 10 acquis :
1. Elles ont permis à une multitude de personnes d’enfin « pouvoir faire quelque chose », même si ce n’est que battre le pavé. Quel réconfort pour tous ceux qui n’ont aucune autre manière de crier leur écœurement, leur ras-le-bol, presque leur désespoir, écrasé qu’ils sont sous le rouleau compresseur d’un régime virant à la dictature. Il ne leur reste plus que cela plutôt que d’assister totalement impuissant au naufrage d’une société, au torpillage d’une civilisation, la leur depuis des siècles.
2. Elles ont prouvé que nous étions capables d’organiser à grande échelle, des méga-manifs, paisibles, sans un dérapage à la stupeur de tous. Par là, elles nous ont rendu confiance en nos capacités de résistance passive et massive face à un régime de type totalitaire. Nous ne serons jamais assez reconnaissants à tous les différents mouvements, réseaux, organismes, personnes qui se sont dévouées non stop pour les réaliser. Cela avec une stratégie impeccable, une solidarité inter-réseaux exemplaire. Sommes-nous vraiment conscients de cette réussite fabuleuse de l’ordre d’un chef-d’œuvre social si ce n’est du miracle ?
3. Elles ont eu, malgré les apparences, bien plus d’impact qu’on ne le pense sur le gouvernement qui n’a pu en nier l’ampleur malgré les mensonges des médias censurés par l’Etat. Grâce à elles, les projets de PMA pour personnes de même sexe, et de GPA ont été renvoyés à plus tard, alors qu’elles devaient passer expéditivement en catimini. Même s’il ne s’agit que d’un répit, cela donne le temps d’y réfléchir, et de susciter une prise de conscience juridique et politique.
4. Par leur masse, elles ont réussi à crever les écrans, même ceux télécommandés par l’Etat. Obligés qu’ils ont été d’en montrer malgré tout quelques images, même en faussant chiffres et vues.
5. Ainsi, elles ont sûrement contribué à faire réfléchir un grand nombre de citoyens lambda qui jusque là gobaient aveuglément les projets de loi qu’on leur imposait. Quelques simples slogans, aperçus dans les medias ( Un papa, une maman : on ne ment pas aux enfants. père, mère, c’est élémentaire, etc …) ont au moins fait poser la question à beaucoup : « pas de fumée sans feu. »
6. Pour les jeunes – nombreux parmi les manifestants (et la grande majorité chez les Veilleurs), cela a été une expérience fabuleuse, historique, marquant leur vie, au moins leur jeunesse. Ils ont vu, de visu, qu’ils n’étaient pas les malheureux derniers des mohicans, marginalisés scolairement, quasi exclus socialement n’osant plus affirmer leurs convictions sans risquer le mépris ou pire : le sarcasme. Ils font partie de toute une génération en train de se lever. Et sachant affirmer ses valeurs, paisiblement, dans l’humble fierté d’être enfant de Dieu, du moins pour les croyants.
7. Elles ont suscité une fantastique créativité juvénile, joyeuse, enthousiaste. Les arrachant à la morosité ambiante, au « bof » désabusé, aux amères désillusions. Oui, on peut faire quelque chose pour changer les choses. Nous ne sommes pas voués à l’impuissance exaspérante, à l’ennui d’une société qui vous robotise et vous marchandise. On peut lutter. On peut combattre. On peut résister. On peut entraîner en dissidence. On peut suivre nos aînés sous les régimes totalitaires précédents. On n’a pas moins de courage, pas moins d’imagination, pas moins d’intrépidité qu’eux. Nous ne sommes plus des pions ou des jouets ou des perroquets, des objets de consommation. Etre pour l’enfant à naître, pour l’enfant à protéger de la désexualisation, des perversions, du viol de son intelligence, de son bon sens, de sa confiance, de son innocence : non, ce n’est pas ringard, vieux jeu, c’est le top 50 ! Ce combat donne sens à ma vie, l’entraîne vers les hauteurs. Je puis me battre paisiblement, non pour du fric mais gratuitement, pour le plus fragile à défendre. C’est l’humanitaire à son maximum, la charité en son sommet, la générosité n° 1, l’évangélisation en sa fine pointe. Ce sont les grandes manifs qui ont suscité, éveillé, provoqué cette incroyable créativité : les veilleurs, les veilleurs debouts, les mères veilleuses, les Hommen… les 1000 initiatives pour manifester notre résistance, etc…
8. Elles ont eu un impact sur les députés, sénateurs et maires luttant courageusement contre l’idéologie destructrice de nos valeurs, de notre peuple. S’ils peuvent le faire avec autant de courage, c’est qu’ils se sentent entourés, soutenus par tout un peuple : oui, nous parlons au nom d’un grand nombre que nous représentons comme tout élu doit le faire.
9. Dialogue ou manif : il faut les deux ! Il y faut les deux indissociablement ! Mais comment faire, quand le dialogue devient un dialogue de sourds. Les débats au parlement frisent le ridicule. On n’écoute même pas les opposants à ces lois iniques, (on y joue au Scrabble pendant que sont abordées des questions cruciales de bioéthique, on truque les votes en utilisant le boitier du voisin)
10. Ce sont elles qui ont, enfin cassé l’amalgame terrifiant dans le monde islamique traditionnel : cette décadence morale occidentale, cette disparition du sens même de la vie et du respect du plus fragile, c’est…. le christianisme identifié à l’Occident ! Incapables qu’ils sont d’imaginer une cassure entre Etat et religion. Et là, enfin, pour la première fois, ces musulmans au cœur sincère, au sens si profond de la vie et de la famille, ont pu voir que les chrétiens sont aussi horrifiés qu’eux par ces aberrations. Et ce ne sont pas quelques déclarations d’évêques qui auraient suffi à clarifier cette ambiguïté. D’où toute l’importance de la présence de ces frères en humanité, aux différentes manifs. (Et nous sommes fiers d’eux qui ont eu le courage d’adhérer aux « journées sans enfants » faisant honte à notre tiédeur.)
11. Enfin, last but not least : l’impact énorme dans les autres pays. Seules de telles manifs étaient capables de crever les écrans, de s’imposer à la une des journaux, dans le monde entier. Elles suscitent un gigantesque espoir, particulièrement dans les pays d’Europe qui ont déjà subi pendant 50 ou 70 ans la férule de fer d’un régime totalitaire. Elles leur ont rappelé tout le vécu des fantastiques années 80-89. Car, ce sont ces irrépressibles mouvements de foules qui ont fini par engloutir le communisme rassis, en le dynamitant de l’intérieur. Tremblant devant la menace imminente de se retrouver pieds et poings liés économiquement, sous une nouvelle idéologie dictatoriale, ils ont vu qu’il est possible de réagir, de lutter, de résister et finalement de vaincre, comme l’ont fait leurs parents voici 30 ans. D’où ce 2 février, les manifs dans diverses capitales d’Europe. Rien n’aurait pu les susciter que notre peuple se dressant en refusant d’être anesthésié, bâillonné, écrasé.

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