Aux Veilleurs de Tréguier

Aux Veilleurs de Tréguier:

En veilleur parmi tant d'autres, je serai avec vous par la pensée! Je voudrais simplement que ces quelques mots vous disent combien votre fidélité est précieuse. Dans notre univers où tout passe, où tout change, où rien ne semble fait pour durer, votre présence suffit à prouver qu'il reste un lieu sur lequel puisse se fonder une espérance; et ce lieu, c'est votre fidélité, c'est la fidélité qui nous unit. Le témoignage qui nous anime n'était pas passager, et notre engagement n'était pas l'affaire d'un moment... Nous ne sommes pas accrochés au passé, au contraire: nous sommes tout entiers présents à l'actualité de ce message. Le sens de la dignité de l'homme, de la femme et de l'enfant; le refus de toute commercialisation du corps; le refus de tout asservissement des esprits; le désir de rappeler la beauté et la fécondité de la famille: voilà ce qui nous réunit, et qui est plus actuel, plus profondément actuel que les opinions de circonstances successivement adoptées par l'univers médiatique et politique d'un pays qui semble avoir perdu tout cap.

C'est à cette actualité de toujours que nous voulons rester toujours fidèle.

Nous le savons bien - et ici, en Bretagne, vous le savez mieux que quiconque: le flux et le reflux, les marées, les variations du ciel, des vents et des saisons, le froid et le chaud, la pluie, la bruine et la brume, le calme plat qui fige tout comme la tempête qui agite l'océan, rien de tout cela ne parvient à ébranler le phare, s'il est bien ancré sur le rocher. Rien ne le détourne de sa mission. Quand la nuit semble tomber sur une société tout entière, il faut la fidélité silencieuse des gardiens de phares pour allumer dans l'obscurité une toute petite flamme dont la signification mystérieuse suffit à éviter bien des naufrages. Il faut la présence fidèle des hommes qui, dans la nuit, gardent la lumière allumée, pour veiller sur les autres hommes qui tentent de trouver un chemin dans la pénombre... Merci d'être ces veilleurs; merci pour votre fidélité! (François-Xavier Bellamy, 22 novembre 2014).

mercredi 29 octobre 2014

François-Xavier Bellamy à Saint-Brieuc (2)

Le 22 novembre 2014, François-Xavier Bellamy, normalien, agrégé de philosophie, professeur en classes préparatoires, maire-adjoint de Versailles, sera présent à Saint-Brieuc pour donner une conférence lors de la journée des familles des AFC des Côtes-d’Armor. C’est une chance extraordinaire que la venue de ce jeune philosophe et orateur hors-pair dans notre département !

Thème de cette conférence-débat :

La transmission, un enjeu majeur pour l’avenir 

Ce thème est en lien direct avec son dernier livre, Les Déshérités ou l’urgence de transmettre (Plon, 2014).


Nous vous proposons aujourd’hui le deuxième article sur les cinq qui se succèderont et vous permettront de découvrir (ou redécouvrir) cet ouvrage, afin de vous donner envie de venir écouter et échanger avec son auteur le 22 novembre.
Dans ce livre, François-Xavier Bellamy interroge l’un des maux essentiels de notre société : le refus de la transmission. Pourquoi avons-nous abandonné ce devoir fondamental à l’égard de nos enfants : transmettre notre culture ?

2 : La culture, condition essentielle de notre humanité

Selon Bellamy, il est primordial que nous comprenions le paradoxe selon lequel nous ne pourrons accéder pleinement à notre liberté d’être humain que si nous acceptons notre dépendance envers autrui.
1.     « Deviens ce que tu es » (Pindare) : La culture nous transforme, si nous acceptons de ne pas la laisser hors de nous. Elle ne prend toute sa valeur que lorsqu’elle est transmise et qu’elle nourrit celui qui la reçoit. Elle n’augmente pas ce que nous avons, mais ce que nous sommes. La culture n’est pas un bagage mais un héritage.

2.     Nous devons par conséquent accepter la médiation d’autrui, sans quoi nous ne pouvons accéder à notre propre singularité. Ainsi, si nous ne maîtrisons pas le langage, nous ne pouvons même pas avoir conscience de nous-mêmes. Pour connaître le monde et nous connaître nous-mêmes, il nous faut les mots des autres. Notre singularité ne nous est donc accessible qu’à travers l’altérité.

3.     Dès lors, notre modernité triomphante qui s’est attelée à déconstruire systématiquement tradition, transmission, médiation, a commis un crime contre l’humanité. Elle a enfermé l’homme dans l’ignorance, l’empêchant ainsi d’user pleinement de ses facultés humaines, et le transformant en barbare, homme sans mots qui n’a plus à sa disposition que la violence. A celui qui n’a pas reçu la culture, il ne reste que la barbarie.

Extrait : « Bien sûr, toute la civilisation n’arrachera pas du cœur de l’homme sa capacité à faire le mal : le plus érudit des peuples, ou des individus, n’est pas préservé des tentations de la haine et de  la violence. La culture, malheureusement, n’empêche pas toujours l’homme d’être inhumain ; mais l’inculture l’empêche d’être humain. […] L’homme n’est pas lui-même sans médiation : laissé en friche, il demeure à l’état brut ; et cette brutalité va contre sa nature, elle l’enferme dans une inhumaine sauvagerie. Voilà le cœur du paradoxe : abandonner l’homme à la nature, c’est le dénaturer. L’augmenter d’une tradition, lui offrir une autorité, c’est lui donner au contraire l’occasion de s’approcher de sa nature. » (Les Déshérités, p. 154-155)

Retrouvez les informations pratiques concernant cette conférence à Saint-Brieuc à la page "Actualités en Côtes-d'Armor" de ce blog.


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